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No man’s Land

Calais - France (2016)

En fonction des sources consultées, 3700 à 7000 personnes vivent dans la Jungle de Calais, comment les nommer ? Ce sont avant tout des hommes, des femmes et des enfants vivant la plus grande détresse, fuyant leur pays, qu’ils soient victimes de la guerre, de pressions politiques (…) le terme « réfugié » semble donc le plus approprié…
En avril 2015, à Calais, les réfugiés font l’objet d’expulsions massives dans les six camps où ils vivent. Les autorités leur proposent alors d’emménager dans une ancienne décharge, à proximité du centre de jour Jules Ferry ouvert le 11 avril 2015 qui comprend des logements pour les femmes et les enfants et dispose de certains services (un repas quotidien, douches…)
Moins d’un an après cette relocalisation, le 1 mars 2016, les expulsions et le démantèlement de la partie sud commence… Peu de solutions de relogement sont proposées aux réfugiés.
Le 2 et le 3 mars, neuf Iraniens se sont cousu les lèvres et ont entamé une grève de la faim pour protester contre les expulsions de la partie sud de la Jungle… Dans l’indifférence générale !
Des abris ou maisons sont brûlés, certains par les réfugiés eux-mêmes – énergie du désespoir, préférant y mettre le feu plutôt que de voir leur maison détruite par les bulldozers – d’autres feux ont des origines plus incertaines et chacun s’accuse mutuellement…
La plupart des réfugiés se sont réinstallés dans la partie nord où la surpopulation se fait largement sentir, d’autres ont rejoint la Belgique, d’où ils tenteront, encore, de rallier le Royaume-Uni. D’aucuns, résignés, sont partis vers l’Allemagne. Très peu ont demandé l’asile en France, démarche perçue comme le pire choix possible en raison de la façon dont ils sont considérés par les autorités françaises et une grande partie de l’opinion publique.
Ce démantèlement n’a rien résolu bien au contraire, il laisse les réfugiés dans une précarité encore plus grande. Les diverses initiatives prises par des associations ou des particuliers pour améliorer leur situation, aussi bienvenues soient-elles, n’ont pas pour objet d’apporter des solutions qui relèvent du politique : le problème ne trouvera pas sa solution à Calais, mais bien à Londres, Paris ou Bruxelles.
Ce traitement, ou cette absence de traitement n’est pas conforme à l’article 14.1 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, ratifiée par la France, qui dispose: "Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile en d’autres pays"
L’État français ne manque-t-il pas à ses devoirs en ne fournissant pas de structures d’accueil décentes?
Le Protocole de Sangatte (et son protocole additionnel de février 2001) puis les accords du Touquet (février 2003) laissent les réfugiés dans une impasse*
Ces réfugiés veulent aller au Royaume-Uni, souvent pour y rejoindre de la famille, toujours pour y vivre et y travailler; or, aux termes des  accords, ce pays rémunère la France pour retenir les intéressés sur son sol. La Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) estime d’ailleurs que la France a été conduite à être le "bras policier" de la politique migratoire britannique. Un jeu plus ou moins hypocrite se joue entre les deux États.
La France n’attend pas que ces gens s’installent durablement sur son sol, cela pourrait constituer un début d’explication aux défaillances dont elle fait preuve; il est d’ailleurs notoire que les réfugiés arrivant en Europe par la Méditerranée ne souhaitent pas venir dans notre pays… du fait de sa mauvaise réputation! En ce qui concerne la "politique de gestion" des réfugiés de Calais, n’y a-t-il pas là une posture volontaire de la part de l’État français?
La situation de ces réfugiés est inacceptable, et, encore une fois, le nœud du problème se situe au cœur des choix politiques des États britannique et français.

*Le CNCDH a d’ailleurs considéré, le 9 juillet 2015 que: "…le Royaume-Uni ne sera quasiment jamais compétent pour traiter des demandes d’asile, les conditions fixées par les stipulations précitées ne pouvant en pratique que très difficilement être réunies. Par voie de conséquence, les accords et arrangements administratifs bilatéraux empêchent le dépôt des demandes d’asile dans ce pays. La CNCDH y voit une atteinte à la substance même du droit d’asile. Elle s’étonne que la France n’ait pas supprimé les stipulations des arrangements administratifs incompatibles avec les dispositions du règlement Dublin III et que la Commission européenne n’ait pas relevé ces incompatibilités conformément à l’article 36 de ce règlement"

Photos extraites du reportage complet
Ilford Delta 400, Film 135 '24x36' - Focale 35mm

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